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Le jour où une femme devenait titulaire du Baccalauréat

par LEQUEUX Brice

France Info, publié le 16/08/2021.

« Le 16 août 1861, à sept heures du matin, des curieux, et quelques curieuses, se massent à l’entrée de la faculté de lettres, place des Terreaux à Lyon, pour y voir entrer une institutrice de 37 ans. Celle-ci est alors conduite dans une pièce à part. Pas question que Julie-Victoire Daubié, première femme à passer le baccalauréat, soit mélangée aux autres candidats. [...]

Julie-Victoire Daubié, au lendemain de l’épreuve, obtient son bachot, qui est à l’époque le premier niveau universitaire. Résultats : six boules rouges, trois boules blanches et une boule noire. Rouges, ce sont les « avis favorables », blanches les « ne se prononcent pas », noire « les avis défavorables ». C’est ainsi que les examinateurs se prononçaient à l’époque.

Champagne et fin de l’histoire ? Pas du tout. Le Jean-Michel Blanquer de 1861, Gustave Rouland, ministre de l’Instruction publique, refuse de signer le diplôme obtenu, parce que « cela ridiculiserait le ministère ». Il le fera, contraint, forcé et sans doute bougon un an plus tard. [...]

Parce qu’elle a été journaliste économique aux travaux reconnus en France et aux États-Unis, parce qu’elle publia entre autres La femme pauvre au XIXe siècle, parce qu’elle fut une pionnière, il ne fallait pas rater Julie-Victoire Daubié présentant le bac le 16 août 1861. Pionnière, mais pas dans le sens d’une ruée vers l’or, où quand un prospecteur déniche un filon le lundi le monde entier déboule le mardi. Trente-et-un ans après le bac de Madame Daubié, en 1892, seules 10 femmes passaient l’épreuve. Quarante-huit ans après, en 1909, elles n’étaient que 100. »