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Les élèves de 4c nous proposent deux courtes nouvelles, deux visions possibles de l’avenir

par MADAOUI Karim

Les élèves de 4c nous proposent deux courtes nouvelles, deux visions possibles de l’avenir afin de nous faire prendre conscience de la gravité de la situation actuelle et de l’importance de réagir immédiatement.
Ces nouvelles ont été rédigées lors de la matinée consacrée aux enjeux écologiques mondiaux.

Bonne lecture !

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2040

Cela faisait plus de cinq ans que le brouillard enveloppait la maison d’en face. Mais pourtant, la vie de Lucien, se déroulait comme d’habitude, envahie par la torpeur de ce brouillard poisseux. Ce matin-là, il était seul chez lui, comme tous les samedis d’ailleurs. Il supposait que ses parents s’étaient rendus encore une fois au Pôle Emploi, mais nul ne pouvait le confirmer vraiment. Les maudits robots avaient déjà, à moindre coût, remplacé la plupart des postes occupés par des ouvriers peu ou non qualifiés et le travail manquait cruellement même pour ceux qui en avaient le plus besoin. Ses parents, aux rides soucieuses regardaient leurs enfants, ses frères et lui, dans cette misère, impuissants à les aider.

Ses yeux étaient fatigués et son front blême. Carlisle se rappelait d’un temps, d’une époque de lumière et couleurs. Malgré l’amour qu’ils leur portaient et qu’ils partageaient avec eux, leurs ventres restaient creux.

Le menu de tous les jours, composé de quelques maigres brioches artificielles au goût de carton fabriquées dans des usines chimiques ne laissaient que la faim au ventre.

Les rares promenades qui le faisaient sortir du sombre appartement familial le conduisaient toujours par des rues ou des avenues lugubres, méandres grises, huileuses de pollution, baignant dans une odeur écoeurante de gas d’échappement.

Pas de couleur, juste du gris. Les plantes et les arbres, ou du moins ce qui en restait, étaient fantomatiques. Aucune vie ne résonnait. Pas de son, pas de chant d’oiseau, pas un bruissement de feuilles. Le temps s’était figé pour toujours. Que n’aurait-il pas donné pour entendre un insecte bourdonner dans un jardin.

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2049

Flora fêtait ses 14 ans. Il devait être 9 heures quand elle sortit de son lit. Comme à son habitude, elle se dirigea vers le salon et s’assit dans un fauteuil en bois. Un robot pas plus haut que trois pommes lui apporta son petit déjeuner sur un plateau en bois. Celui-ci était composé d’une assiette de fruits bien frais qui étaient produits à l’intérieur de l’aqua-mégapole et d’un grand verre d’eau. Flora engloutit son petit déjeuner. Elle sourit. Elle était tellement heureuse. Elle se rappelait les histoires que sa mère lui comptait quand elle avait 4 ans. Elle lui racontait sa vie en 2030. Et pour Flora cette vie ressemblait plutôt à un cauchemar qu’à autre chose. Dans ses histoires, la société était sur-consommatrice, les humains avaient abandonné l’idée d’énergie renouvelable sous prétexte qu’elle était trop coûteuse et la pollution gangrenait inexorablement la planète. En 2038, face à l’imminence de la catastrophe, il y avait eu une réaction radicale et salvatrice. Pour faire face à la surpopulation, à la pollution, ils avaient modifié les sources d’énergie et le mode de consommation et construit des villes sur l’eau, des aqua-mégapoles. D’ailleurs Flora vivait dans l’une d’elles.

Mais Flora fut sortie de sa rêverie par sa mère qui l’appelait :

  • Flora…. Flora…. FLORA !
  • Oui, oui maman désolée je…

Elle remarqua alors que sa mère tenait dans ses mains un adorable petit chien. Il était blanc avec une tâche noire sur l’œil droit. A peine eut-il vu Flora qu’il sauta des mains de sa mère et courut vers elle. Cette dernière afficha alors un sourire qui ravit sa mère.

  • Il te plaît ?
  • S’il me plaît, tu rigoles, je l’adore !
  • Et bien bon anniversaire ma fille.
  • Merci maman ! Je peux l’emmener faire un tour sur la Terrace de niveau 1 ?
  • Oui, oui.

Puis Flora prit le chiot dans ses bras et sortit de son appartement. Elle longea le long couloir bordé d’autres chambres jusqu’à un escalier. Elle le descendit et arriva à la Terrace de niveau 1. Un magnifique parc arboré s’élevait aux dessus de l’eau. À peine mit elle un pied sur la Terrace que le petit chiot s’échappa de ses bras et partit en courant. Flora se mit alors à lui courir après. Pour pouvoir le rattraper, elle dût d’abord longer le parc de panneaux solaires puis deux grandes éoliennes et enfin tourner à droite devant le grand potager qui fournissait des fruits et légumes à la totalité de la tour dans laquelle elle vivait. Chaque tour de l’aqua-mégapole en possédait un.

Elle s’agenouilla en face du chiot et le regarda droit dans les yeux sans dire un seul mot. Elle ne savait pas comment mais le chiot comprit et durant tout le reste de la promenade il resta sagement à côté d’elle.

Flora adorait déambuler sur la Terrace. C’était pour elle un réel bonheur. C’est pourquoi leur balade dura encore deux grandes heures. Au cours de celle-ci, ils passèrent devant la grande ferme de la tour. Elle fonctionnait sous le même principe que le grand potager. Là les animaux vivaient dans des conditions remarquables, les humains avaient enfin pris conscience de l’atrocité de ce qu’ils avaient infligé aux animaux pendant des siècles. Cependant la consommation de viande était limitée car les animaux n’étaient pas élevés en grande quantité.

Flora et le chiot s’attardèrent pour contempler la façade de la ferme. La façade nord était recouverte d’un mur végétal et les autres de panneaux solaires. Il en allait de même pour les tours. Flora se mit à rire sans raison. Elle débordait de joie. Vivre dans une société aussi bien organisée, qui tenait réellement compte de l’importance de préserver la faune et la flore, la ravissait. Elle s’en rendait pleinement compte aujourd’hui.

Elle réalisa alors qu’il était déjà 12 h. Pour fêter son anniversaire elle avait rendez–vous avec ses amis dans une restaurant qui se trouvait à l’autre bout de la Terrace. Elle s’y rendit alors le plus rapidement possible en bus. Il ne lui fallut attendre que quelques minutes avant que le bus arrive. Elle prit son chiot dans ses bras et monta. Celui-ci fonctionnait à l’aide d’énergie et ne polluait pas. Flora sourit. En voyant ce visage épanoui, de nombreux voyageurs se mirent à sourire.

FIN